En guise de petit cadeau d'inauguration de ces lieux que j'espère prolifiques et plein d'émulation...
Les fantômes de l'infini peu
on avait harnaché des feux sur les dos des grands prés
des choses sucrées ambrées
qui bavaient des flammes vertes
crépitaient larmes séchés et vieux sang
autant qu’il fallait vivre
partout ces miniatures de dieux
ces allures de fous jaunes
ces partances viscérales dessinées à grands traits de violence sur nos faces
déchiraient à force de cris et de joies creusées
nos poitrails
caparaçonnaient d’or nos montures affolées
Nos rêves cuisaient sous la cendre
des explosions enserraient nos rires dans nos ventres
redevenus splendeur autiste
parfois
un marin, un tueur de loups, un gaveur de monstres, un enfant ajouré,
revenait tard de son rendez-vous
avec son dernier fantôme
on les convoquait à l’orée des sables
patiemment :
tant de discours traînaient entre eux et nous
depuis tant de vies
luisants dans l’herbe
traces formant des runes brûlantes au touché
celles-ci nous disaient
que venant d’eux
la mort la vie devenaient les distractions sublimes
surexposition de voyance et de transparence
l’infini peu
alors, il nous fallait mettre en jeu ces tourbillons éméchés,
conseillers lunatiques
ces fantômes troqués contre sèves et verdeur
et plutôt que leurs doux souvenirs
leur soutirer des prophéties infimes
la pitance du vivre
Nos rêves priaient sous la cendre
maintenant nos nombrils devenaient volubiles,
bouches héroïques de l’amour,
alléluia des pèlerinages sphériques,
bourdon des comptines d’avant naître
nous ne savions d’eux ni le lieu ni l’heure
à peine leur nom de danseur
leurs mouvements nous tenaient lieu d’existence
et leurs derniers désirs d’oraison furieuse
guides irrespectueux du vent,
ils s’accommodaient surtout de la compagnie des chiens
à leur approche, les niches semblaient enfin soyeuses
leurs sens étaient éteints
mais leurs accolades pourtant éveillaient
sources neuves sous l’épiderme,
jaillissement ferme des appeaux
Nos rêves crachaient sous la cendre
affamés,
nous nous reconnaissions par nos odeurs
de semence et de musc mélangés
ils étaient l’hologramme de noms, le vin avant même l’outre
le dur lapement d’une langue exilée
nos fantômes
ils hantaient les survivances à l’ennui
messagers incongrus et sereins
au matin, nous nous libérions des prés
reconnus peut-être
renaissants parfois
par ce sublime va et vient des bateaux dans la poitrine de nos morts
à l’embouchure du cortège
nous échangions en guise de retrouvailles
nos pays de souffrance
l’espérance s’ébrouait sous l’œil d’un spectre heureux
en équilibre sur un cordon de chair.