Impact des oeuvres d'art

L'oeuvre d'art a-t'elle une mission autre qu'esthétique ? Si tel est le cas, que penser des oeuvres intemporelles, n'ont-elles pas fini de délivrer leur message ou ont-elles la capacité d'évoluer ?

J'aurais tendance a penser que les oeuvres d'art vivent au delà de leur "mission esthetique". Il y a le plaisir immédiat de les découvrir .
Le plaisir de " trouver de la beauté" ou le plaisir de " retrouver cette beauté" quand elle résonne en nous.
Et ensuite, cette beauté nous travaille en profondeur.
Un long travail souterrain qui nous echappe parfois, qui se joue sans nous.
Et un beau matin, on se sent autre: revigoré par ce sang nouveau qui nous a ete donne par cette beauté.
On ne connait pas toujours l'auteur de l'oeuvre. Parfois, on connait quelques bribes de vie de l'artiste, parfois on ne sait rien et la "chose " qu'il a laissé
nous parle en direct.
En dehors des phénomènes de mode, il reste l'evidence d'une oeuvre.
Quand ces oeuvres qui defient le temps nous touchent toujours , nous font bouger, nous transforment, c'est bien qu'elles sont intemporelles.
Comment pourraient elles cesser de nous delivrer leurs messages ?
Tout au plus pourrait on conceder qu'elles sont plus ou moins bien cotees selon les epoques. Portées aux nues ou destituées.
Quoiqu'il en soit, c'est un constant ravissement de decouvrir chaque fois une voix inconnue qui parle au plus profond de notre être.
Il n'existe pas de plus belle rencontre .

Un petit extrait de Shopenhauer pour repondre a ta question.
Je l'ai retrouve sur le site de Philippe B , qui vient de nous rejoindre a ALTER TEXTO et que je vous conseille de visiter

"Schopenhauer va proposer à l’homme de substituer à la contemplation permanente de sa propre misère la contemplation esthétique qui le détourne de sa détresse. Contempler une œuvre d’art, c’est se perdre dans l’objet jusqu’à en oublier son existence de sujet. A l’ennui qui est la pensée du vide, la contemplation va fournir un objet qui comble le vide et ce, non sur le mode de la connaissance qui, en faisant intervenir la volonté, peut conduire à de pénibles impasses. L’être doit abandonner la quête du sens pour se laisser emporter, soulever par une mélodie, s’abîmer dans la contemplation d’un tableau. La conscience absorbée par l’ouïe ou le regard, l’homme de la contemplation n’est plus douloureusement présent à lui-même."

Les oeuvres d'art évoluent, ou plutôt nous évoluons avec elles, à travers la relation - contemplation, écoute, introspection, fasination... - qui nous lie à elles.

ce qui revient a dire que sans les oeuvres d'art, nous ne pourrions pas evoluer de la même façon ...

Il est probable que tout oeuvre d'art contient un ou des messages. Est-ce sa mission première : être messagère. Une réponse unique serait bien hasardeuse, la variété nous l'interdit assurément sauf à être spécialiste.
Le ressenti d'une oeuvre d'art est d'abord, en instantané, dans le regard, le jugement du spectateur. Spectateur/acteur si l'interprêtation va jusqu'à décrypter le/les messages.
A titre personnel il m'est arrivé d'être tellement attiré par une oeuvre qu'en rentrant chez moi l'envie de la reproduire ruisselait de mes doigts. Alors intevient cette communication improvisée entre le Maître, absent et/ou disparu et l'amateur séduit, tombé sous le coup de foudre incoercible de la toile. Fascination!
Message ou pas? Communication décalée dans le temps, intemporelle? Que du bonheur!

PS : même chose pour la sculpture, la poésie, les sites historiques; le syndrome de Stendhal!

Pour moi, l'oeuvre d'art est avant tout une empreinte, créée à un instant précis ;
le peintre (ou l'écrivain, le sculpteur ...) a suivi (peut être) son instinct, en fonction de son état d'esprit du moment ;
Je pense qu'un autre jour, il aurait créé cette oeuvre différemment ;
pour moi toute oeuvre d'art se pose dans le temps et l'espace sans vraiment y appartenir ; elle est invariable et variable à la fois ; le temps qui passe lui donne cette sorte d'aspect figé alors que l'oeuvre elle même ne l'est pas ; le mouvement à l'intérieur de cette oeuvre, ne serait ce que par le regard de l'autre, toujours différent me semble -t-il fait de cette oeuvre quelque chose d'impalpable et de fascinant ;
Je conçois que chacun trouve une interprétation différente à une oeuvre mais celui qui créé a sa propre interprétation et cette interprétation peut être largement lointaine de celle des autres ;
quand je regarde un tableau, il me fait "quelque chose" ou il ne me fait "rien" ;
ainsi, je sais s'il me plait ou non, sans savoir pourquoi ; c'est seulement plus tard, si je reviens dans la galerie, que je repère ce qui m'attire, une clarté particulière peut être ou n'importe quoi, un détail parfois ; en aucun cas je n'ai cherché à interpréter, je me fie à ce que l'oeuvre me fait ressentir au moment où je pose mes yeux dessus ;


l'idée d'une seule interprétation (je pense à celle d'un tableau) me glace ; c'est pour moi ôter à l'art, ... son art ...
je ressens la même chose avec la poésie ;
évidemment, pas en lisant le petit larousse ...


voilà ce que je crois (pour moi)

oui claude
reaction instantanee certes, mais qui se prolonge par une maturation et une resonnance de l'oeuvre en nous

corinne, j'aime beaucoup ce concept d'" empreintes " laissees par les oeuvres qui nous touchent

Tout être humain ou animal a l'instinct de laisser une trace quelque part, que ce soit en se reproduisant et ainsi laisser le prolongement de soi, ou que ce soit par le biais de la peinture, l'écriture, ou autre peut être ...

enfin ceci est ma conviction mais n'est pas une vérité en soi

Et évidemment, il est plus facile de " se reproduire" que de sublimer cet instinct de " laisser une empreinte " par l'art ou la littérature.

D'où ma profonde reconnaissance aux artistes sans qui je ne pourrais vivre

L'envie de laisser une trace est ce qui pousse peut-être l'humain à créer des oeuvres d'art, je suis persuadée que le fait de laisser quelque chose après soi est l'un des plus puissants moteurs de notre espèce.
Maintenant est-il plus facile de se reproduire que de produire ? Pour ma part, je trouve qu'élever un enfant c'est-à-dire lui procurer le bien-être, un bonheur possible pour sa vie future, l'équilibre et la stabilité, lui transmettre les valeurs auxquelles je crois, l'encourager à vivre et à avoir le goût du risque, ne pas commettre les mêmes erreurs que mes parents tout en poursuivant tout le positif qu'ils m'ont inculqué, enseigner à penser par soi-même, s'émerveiller à l'éveil de cette conscience tout en la laissant libre, gérer aussi tout le quotidien et ses petits tracas, connaître cette immense responsabilité est la tâche la plus ardue, la plus merveilleuse et la plus terrible qu'il soit. J'ai vraiment l'impression parfois que c'est la véritable aventure humaine.